Les Chevaliers du Vent

HR 2013 – Communiqué


Himal Race 2013 – Everest Sky Race 2013

A la poursuite des Chevaux du Vent…

Des Annapurnas jusqu’aux confins de la Rolwaling Valley, les concurrents de Himal Race ont vécu une aventure unique et particulière, perturbée par le cyclone Phailin. Un cyclone qui a touché l’Himalaya et engendré des conditions hivernales avant l’heure. Modifié à deux reprises, l’itinéraire n’a pas pu conduire le peloton jusqu’au Khumbu. L’arrivée a donc été jugée au Tso Rolpa, aux pieds du Tashi Lapsa. En 21 jours, les coureurs ont néanmoins parcouru 745 km (+34100 m, -36300 m). Le Népalais Upendra Sunuwar et la Française Virginie Duterme furent les plus rapides. Sur la partie « Everest Sky Race », Upendra Sunuwar a conservé sa première place. Au féminin, la Néo-Zélandaise Anna Frost a dominé l’épreuve.

Carte HR 2013 (en noir le parcours final, et en bleu les parties du parcours initial)

Nous ne sommes qu’au cinquième jour de compétition et la course de montagne la plus longue du monde a déjà marqué les corps et les esprits… Dans cette poursuite des Chevaux du Vent, ces drapeaux à prières qui marquent chaque col ou endroit emblématique de l’Himalaya, trois jours plus tôt, le peloton a été contraint de faire demi-tour dans l’ascension du Mesokantu La (5099 m), alors qu’une tempête de neige empêchait les grimpeurs d’avancer. Il ne restait que 100 mètres à gravir, mais derrière le col, un « no man’s land » avec de la poudreuse jusqu’au ventre était prêt à emprisonner les téméraires, à plus de 5000 mètres… Des conditions hivernales avant l’heure, provoquées par le cyclone Phailin, et qui vont durcir l’épreuve jusqu’à son terme.

En ce cinquième jour, les Himalaya’s Racers ont pu franchir le Thorong Pass (5416 m) et se sont posés à Manang. Le lendemain, ils ne pourront pas accéder à Nar, le Kang La (5322 m) est plâtré de neige et deux longues trainées noires et verticales barrent sa face blanche… Une avalanche a balayé le sentier. Et deux jours plus tard, c’est de justesse que les coureurs franchiront le Larkya La (5215 m), sous la neige, la grêle, la pluie, le vent et dans le froid. Malgré tout, Himal Race est resté « un trait sur une carte du monde et non un point », comme le dit le Belge Wouter Hamelinck, second de la course, comme en 2010. Un trait de 745 km que l’on peut voir de la Lune…

Sur un globe terrestre, le « trait » Himal Race fut aussi blanc que vert. Des hauts cols des Annapurnas, du Manaslu et du Langtang, aux forêts et aux cultures du Ganesh, de l’Helambu  Bigu Gompa et de la Rowaling. « Lorsque nous étions loin des hautes montagnes de l’Himalaya, j’ai découvert un Népal très vert et plein de végétation, raconte Virginie Duterme. Par rapport à 2010, avec le Tibet, Humla et le Dolpo, c’était totalement différent, moins engagé et avec un autre esprit, mais c’est resté intéressant. Nous étions dans les forêts, les rizières et les champs, et les cultures en terrasse ; et dans les petits villages, nous avons pu voir la vie des Népalais et être à leur contact. » Et Vincent Minier, lauréat du Challenge de la Sportivité, d’ajouter : « Cette alternance a permis à la course de respirer et d’éviter la lassitude… »

Si les conditions hivernales ont perturbé la course et modifié son parcours, les concurrents ont avancé dans la carte…  « Pour moi, Himal Race c’était un voyage au travers des images et comme chaque jour était différent, chaque jour je voulais aller plus loin, raconte Dominique Faidy. Lorsque je regarde la carte, je m’aperçois que l’on a fait du chemin…  Avant le départ, Cathy, mon amie, m’avait dit : Pense tous les jours à la chance que tu as de faire cela… Maintenant, je peux dire que c’est une chance inouïe et je suis fier d’avoir terminé Himal Race. C’est une course qui va me manquer… Pourtant, lorsque l’on pose les chiffres sur le papier, ce n’est pas évident. Mais les paysages m’ont transcendé et  au contact d’un groupe solidaire et homogène, humainement, j’ai encore appris. Pour toutes ces choses, je suis fier d’être un Chevalier du Vent ! »

« Il faut avancer dans la carte… » Derrière cette formule, qui ponctuait chaque briefing, Himal Race 2013 fut une épreuve solidaire et communautaire. Alors que Dominique parle de la « fierté » d’être un Chevalier du Vent ; Stéphane Etienne souligne l’identité de cette « confrérie ». « C’est un autre état d’esprit et cela marque d’avoir partagé cette aventure. En enchainant des kilomètres et des kilomètres, en avançant dans la carte, nous sommes devenus des compagnons de route. Chacun était fier de l’autre avant d’être fier de soi. Et lorsque le soir, nous étions confiné dans une petite pièce, autour d’un poêle, c’était bon d’échanger et d’écouter les autres. Il y avait le plaisir et la chance d’être là, au même endroit. »

Christophe Bruyas et Virginie Duterme ont souvent été au même endroit, puisqu’avec Wouter Hamelinck, ils sont les seuls à avoir fait l’intégralité du parcours à pied (1). « Nous avions le choix et comme je n’étais ni blessée ni malade, faire l’intégral avait un sens, explique Virginie. Nous étions plus en compétition et c’était une belle parenthèse. Comme le fait de partir, ensuite, en « off » vers le Camp de Base Sud de l’Annapurna avec François et Vincent. Ainsi, j’ai eu l’impression de boucler la boucle. » Et Christophe de poursuivre : « J’étais dans l’optique de réaliser tout ce qui était possible. Comme lorsque nous sommes partis de Jiri au Khumbu avec Wouter et Anna (comme Stéphane et Laurent, ndlr). Se mouvoir à pied, à l’image des habitants, permet de mieux percevoir le pays. Comme le fait de porter son sac. On a un sentiment de liberté et d’indépendance. »

Le Kala Pattar aurait dû être le terme de Himal Race, mais l’arrivée a été jugée au pied du Tashi Lapsa (5755 m), la neige, le froid et le vent rendant impossible la jonction entre la Rolwaling et le Khumbu. Ce final n’a pas déplu à Jean-Marc Wojcik. Il faut dire qu’il disputait son quatrième Himal Race. « Comme les trois autres, il fut intense et différent, une histoire dans l’Histoire, commente-t-il, avec l’œil chatoyant. On part pour un voyage, une compétition et finalement, on va à la rencontre de soi-même, de ses limites, de ses faiblesses… Il ne te reste plus qu’à cheminer pour simplement aller au bout de l’histoire, même à l’instant où le chemin se dérobe. Himal Race, c’est le moment présent ! » Une évidence qui montre que Jean-Marc a lu « Les Cent Mille Chants » de Milarepa. D’autant lorsqu’il développe cette sentence : « L’ignorance sera vaincue par l’effort ». « C’est la fissure de la connaissance… Loin de la société actuelle, avec un sac de 10 kilos sur le dos et une paire de basket, tu découvres que tu as besoin de l’autre pour voyager et que le chemin est en toi… »

2002, 2007, 2010, 2013… D’aucuns savent où sera Jean-Marc en avril 2017, sur un chemin entre le Kanchenjunga Base Camp (5143 m), Kathmandu (1350 m) et lui-même. Et toujours, à la poursuite des Chevaux du Vent…

Bruno POIRIER.

(1) Wouter, Virginie et Christophe ont fait le choix de faire les deux étapes de liaison (A et B) à pied au lieu de prendre le bus. Vincent et Bruno ont fait la première (A). Upendra, Bhim et Anna ont fait la seconde.
A : Trisuli – Dunche : 45 km (+1400 m, – 300 m). B : Melamchi – Karkhali : 55 km (+2900 m, – 1850 m).

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